Le temps qu’il faut

 

 

 

Il faut neuf mois pour devenir mère. 

Pour se préparer, pour apprendre, se faire à l’idée. 

Neuf mois, une éternité, un enchantement, une parenthèse.

Neuf mois d’intenses émotions, inconnues, effrayantes, magnifiques.

Neuf mois, c’est juste le temps qu’il faut.

 

Je n’ai pas eu ces neuf mois. J’en ai à peine eu trois…

Les trois dont on a besoin pour comprendre, pour se faire à l’idée, pour être heureux.

Un début, une coquille vide qui lentement se transforme, se forme, se remplit.

Une première approche, les premiers rêves, les premières envies…

 

Cela aurait du faire six mois…

Le temps des premières vagues, des premiers petits pieds bagarreurs, des premières galipettes.

Des conversations ébauchées, des mains délicatement posées pour te bercer, des musiques à te faire ressentir.

C’est le temps du partage, quand tout est plus réel, plus présent, mais pas encore douloureux, pas encore effrayant.

Six mois, c’est le temps des petits bonheurs, de la plénitude…

 

Il me manque ces neuf mois…Me manque ces six mois…Ne me reste que ces trois…

Je ressens ce vide, je ressens le manque de toi, le manque de nous, ensemble.

Je ne suis pas triste…Mais ce sixième mois, ce qui aurait du être le sixième mois, me crève le coeur par moments, me déchire l’âme et me laisse fragile, et sans défense. Tu n’es pas là, plus là, et rien , jamais, ne changera ça. Il n’y aura jamais de petites vagues, de petits coups, de bosses, et de petites mains qui serrent mon doigt. Il n’y aura jamais d’autres larmes sur mes joues que celles qui me crie ton absence. Il n’y a que le vide, infini, incommensurable, comme le deuil de toi, le deuil de nous.

Combien de temps faut-il pour accepter de ne plus devenir mère ?

 

Combien de mois, d’années, de vies, pour accepter l’injuste et brutale réalité ? Combien tomberont de larmes discrètes, aussitôt effacées, pour oublier ? Comment fait-on pour ne plus se sentir prête ?  Je t’ai laissé partir, mais quand laisserais-je partir mon chagrin ?  Et qui pour comprendre ma peine, ma si lourde, et en même temps, si secrète peine… Pas de pourquoi, non, juste le triste constat de Toi qui me manque…

 

Quel temps faut-il  pour accepter et laisser la douleur ?

 

Quelques notes pour toi, où que tu sois…Et pour l’Ange, qui je l’espère, t’accompagne et t’aime autant que moi.

 

 

 

2 Commentaires (+ vous participez ?)

  1. lancoliebleue
    Jan 19, 2012 @ 18:25:28

    Aucune réponse concrete à « combien de temps faut-il pour accepter de ne plus devenir mère ». Je pense que tant que l’on se pose la question, c’est qu’il faut encore du temps et tant que l’on attend une réponse, il faudra du temps et ça marche pour tout dans la vie. Ce qui compte avant tout, c’est de savoir que ce qui te parrait injuste, horrible et si douloureux, c’est ce qui va faire de toi la personne que tu seras demain. Quand on traverse ce genre d’épreuve, on aimerait se construire sans avoir à souffrir. On se dit qu’untel est quelqu’un et n’a pas eu à souffrir pour le devenir (ça c’est l’excuse à la noix).
    Le temps passe et ouvre les yeux, il apprend à aimer l’instant, à profiter un maximum car tout peut changer du jour au lendemain. Il est bon de voir ce que l’on a et non pas ce que l’on n’a plus ou ce que l’on a pas eu. Je sais…. facile à dire, mais c’est en connaissant le manque que l’on apprend à l’ignorer en le remplaçant par autre chose.
    Val

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    • lowansalice
      Jan 21, 2012 @ 19:02:58

      ta réponse est pleine de bon sens ! je sais tout à fait que les évènements douloureux nous construisent, j’en ai déjà beaucoup vécus, dont je me serais bien passé…je sais que le temps fera (fait déjà) son oeuvre, je le laisse s’installer, prendre, effacer, modeler, bref, je laisse vivre le temps pour aller mieux, et cela va déjà mieux d’ailleurs ! ton commentaire est plein de justesse, à n’en pas douter, tu as su toi aussi, remplacer le manque…je ne doute pas que cela m’arrive aussi ! en attendant, je suis ravie de te lire !

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